Contes

La barrière de la colère

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par Oum Assya
18 décembre 2023

Il était une fois un jeune garçon appelé Tariq qui avait très, très mauvais caractère. Quand sa maman l'appelait pour se lever le matin pour aller à l'école, il se mettait à crier : " Je suis debout, laisse-moi tranquille ! " - même s'il venait tout juste d'ouvrir les yeux.

S'il avait envie de spaghetti alors que sa maman avait fait du riz, il se mettait en colère contre elle parce qu'elle ne lui avait pas demandé son avis avant de faire le dîner.

Si jamais sa petite sœur touchait à ses jouets, il lui criait après. Il DÉTESTAIT que quelqu'un touche à SES affaires, surtout si c'était sa petite sœur.

Si son ami ratait le ballon dans un match de football et que leur équipe perdait, il se mettait à crier de très vilains mots. Alors, son ami décida de ne plus être ami avec lui. Bon, tant pis, c'était la faute de son ami de toute façon, et qui a besoin d'amis ?

Un jour, son père revint d'un long voyage pendant que Tariq était en train de fabriquer un petit bateau sur la table.

Son père entra en s'écriant : " As-salamou `alaykoum, je suis de retour ! "

La maman de Tariq et sa petite sœur se précipitèrent joyeusement pour l'accueillir.

À ce moment, un coup de vent souffla par la porte ouverte et fit tomber le voile que Tariq venait de coller à son bateau. Tariq, furieux, se mit à crier : " Fermez cette porte ! Vous avez détruit mon bateau ! "

Le père, la mère et la petite sœur de Tariq le regardèrent, stupéfaits.

Personne ne parla à Tariq pendant un moment. Le père de Tariq but une tasse de café tout en bavardant avec sa femme et sa fille, qui avaient un tas de choses à lui raconter.

Ensuite, lorsque la maman de Tariq alla préparer le dîner, le père de Tariq l'appela et le fit aller avec lui dans le garage derrière la maison.

Il lui dit : " Tariq, tu vois ces clous ? Tu vois ce marteau ? Eh bien, je veux que tu prennes un clou et que tu ailles le planter dans la barrière, pour te punir de t'être mis en colère tout à l'heure quand le courant d'air a démoli ton bateau. Et à partir de maintenant, je veux que tu plantes un clou à chaque fois que tu te mettras en colère. "

Tariq ne comprenait pas pourquoi il devait planter un clou, mais il fit ce que son père lui avait ordonné. C'était difficile de bien taper sur le clou, et une fois il se tapa sur le doigt au lieu de taper sur le clou. Il se mit en colère contre le marteau et le jeta par terre. Alors, son père lui fit planter un autre clou pour s'être encore mis en colère.

Le lendemain matin, Tariq faillit être en retard pour l'école parce qu'il avait dû planter cinq clous pour avoir crié après sa mère, son père et sa sœur pour cinq raisons différentes au le petit déjeuner. À la fin de la journée, il avait planté 37 clous, et il commençait à en avoir assez de planter des clous. Mais quand même,il arrivait déjà mieux à les planter sans se taper sur les doigts.

Jour après jour, Tariq continua à planter des clous. Pourquoi son père y tenait-il tellement ? Quand il regardait la barrière avec tous les clous dedans, Tariq se sentait gêné de voir toutes ces preuves de ses mauvaises actions.

Certains enfants à l'école connaissaient l'histoire de la barrière, car il leur en avait parlé sans le faire exprès. Ils l'appelaient " la barrière de la colère ".
Ils demandaient souvent à Tariq de la leur montrer, mais il ne voulait pas.

Mais petit à petit, il s'aperçut qu'en pensant à la barrière, il arrivait plus facilement à tenir sa langue. Peu à peu, il commença à crier moins souvent. Et quand il criait, il arrivait à s'arrêter plus vite.

Puis, un soir, il était en train de construire un château avec son jeu de construction, sa petite sœur, qui s'était approchée pour regarder, fit tomber son gâteau sur le château et tout tomba. Tariq se leva d'un bond, prit son souffle pour se mettre à crier, puis au lieu de dire quelque chose de méchant, il s'exclama tout d'un coup : " Bon, je vais chercher un clou ! "

Son père vint près de lui pendant que Tariq plantait le nouveau clou dans la barrière. Puis ils se mirent à discuter des progrès que Tariq avait faits : il plantait de moins en moins de clous maintenant. Il recommençait même à se faire des amis. C'était bien agréable d'avoir des amis ! Mais cela prenait du temps parce qu'ils se rappelaient comment il se fâchait avant, et ils ne lui faisaient pas encore confiance.

" Je suis content de ne plus devoir planter autant de clous, Papa. Ça ne fait pas beau, tous ces clous dans la barrière ", dit Tariq.

Alors, son père proposa que Tariq puisse enlever un clou chaque fois qu'il passerait toute une journée sans se mettre en colère. Jour après jour, Tariq attendait avec impatience d'enlever un clou de la barrière avant la prière de `Icha. C'était souvent difficile de les arracher, et il devait faire un gros effort. Mais cela faisait du bien d'enlever les traces de ses mauvaises actions.

Enfin, le jour arriva où il enleva le dernier clou. Il appela toute la famille pour assister à ce grand événement. Il se sentait très fier.

Sa maman, très heureuse, l'embrassa et lui promit de préparer son dessert préféré.

Cependant, son père dit : " Tu as bien agi, mon fils. Mais regarde tous ces petits trous dans la barrière. La barrière ne sera plus jamais comme avant. Quand tu dis de méchantes choses quand tu es en colère, elles laissent des traces, exactement comme dans la barrière. Tu peux enfoncer un couteau dans quelqu'un, puis le retirer : tu auras beau lui demander pardon, la blessure restera. Eh bien, une blessure en paroles fait autant de mal qu'une blessure du corps. "

Toute la famille regarda solennellement la barrière. C'était un témoignage de la bataille de Tariq contre lui-même. Puis son père le serra dans ses bras et lui dit : " Que Dieu t'aide à devenir un homme fort, mon fils. "

Le prophète mohamed aleyhi salat wa salam a dit :

L'homme fort n'est pas celui qui bat son adversaire, mais l'homme fort est celui qui maitrise sa colère

Rapporté par al Boukhary