Il était une fois un homme qui avait beaucoup étudié l'Islam, il connaissait un tas de choses. Il était allé dans plusieurs grandes écoles. Il s'appelait Alim, ce qui signifie en arabe « celui qui possède la science ». Ce prénom lui allait comme un gant ! Quand il se rendait à la mosquée, les gens venaient vers lui pour lui poser des questions sur la religion.
Au fil du temps, son comportement changeait peu à peu.
Alim devenait de plus en plus sûr de lui, parlait de plus en plus fort devant les gens, et était moins chaleureux. Les fidèles de la mosquée avaient remarqué ce changement. Aussi, il émettait parfois des jugements trop rapides sur les autres, sans les connaître ni chercher d'explication.
Un jour, un nouveau fidèle était entré dans la mosquée. Personne ne le connaissait.
Alim, qui était présent, se tourna vers ses frères. « Qu'Allah le guide, cet homme ne porte même pas la barbe ! C'est pourtant une sunna très importante ! ». En réalité, ce nouvel arrivant était un jeune converti à l'islam qui ne connaissait presque rien de la religion. Il venait à la mosquée pour la première fois, dans l'espoir qu'on lui enseigne des choses.
Alim se permettait de faire beaucoup de rappels aux gens, mais il appréciait moins qu'on lui en fasse. Il était devenu très susceptible.
Une fois, alors qu'il était assis sur un banc à côté d'un musulman âgé, il lui dit : « Mon frère, tu as vécu de nombreuses années. Maintenant que tu ne travailles plus, profite de ton temps libre pour te rapprocher
encore plus d'Allah. Lis le coran, ou va à la mosquée. Cela sera plus bénéfique pour toi. »
Ce qu'Alim ne savait pas, c'est que le vieil homme faisait déjà du dhikr à cet instant même, et récitait des sourates en silence.
— Merci pour ce rappel, tu as raison je vais suivre ton conseil incha'Allah, répondit humblement l'homme âgé. Viens avec moi à la mosquée si tu as aussi du temps libre, on pourrait lire le coran ensemble, et pourquoi pas apprendre de nouvelles sourates ?
— Insinuerais-tu, par cette proposition, que je perds mon temps ici sur ce banc ? J'étais justement entrain de réciter le coran dans ma tête, affirma Alim. Et puis, je suis diplômé d'une grande école coranique, dit-il fièrement.
Le vieil homme s'excusa d'avoir irrité le jeune savant, et partit en direction de la mosquée.
De toute évidence, Alim manquait de modestie et d'humilité. Il était tellement fier de son savoir qu'il pensait être meilleur que les autres, et en oubliait le bon comportement.
Un jour, alors qu'Alim se trouvait à la mosquée, un petit garçon était entré avec son grand-père. Il lui posa une question mais le grand-père ne trouva pas les bons mots pour lui donner une réponse correcte. Il lui conseilla d'aller voir Alim, peut-être que celui-ci pourrait lui expliquer d'une façon meilleure. Le garçon
s'avança vers le jeune homme qui était assis par terre: « Salam aleikoum, j'ai posé une question à mon grand-père mais il n'arrive pas à m'expliquer, je viens donc vers toi. »
— Wa aleikoum salam wa rahmatoullah, je t'en prie pose ta question, dit fièrement Alim.
— Je voudrais savoir comment on reconnaît l'humilité et la modestie chez quelqu'un, continua le garçon.
— Et bien, tu t'adresses à la bonne personne ! s'exclama Alim. J'ai beaucoup étudié la religion et je connais bien le sujet. Tu sais, je suis diplômé de l'école coranique, dit-il d'une voix portante. Il y a des signes assez évidents pour reconnaître une personne humble et modeste, expliqua Alim.
Bien que le garçon fut le seul à lui avoir posé la question, Alim se mit debout pour que les fidèles autour de lui l'entendent aussi. Il aimait beaucoup montrer qu'il avait des connaissances.
— La première chose à savoir, mon petit, c'est qu'un homme humble ne se met jamais en avant et ne se vente jamais devant les autres ! expliqua Alim.
En prononçant ses paroles, le jeune homme se redit compte qu'il faisait exactement l'inverse ! Il se rassit aussitôt. « Finalement je suis plus à l'aise assis par terre, assied-toi près de moi » dit Alim au petit garçon.
Puis il continua d'une voix élevée. « Un homme modeste est toujours discret, il parle doucement et ne gêne pas les gens autour de lui ! » Encore une fois, Alim s'aperçut qu'il parlait justement très fort. Sa voix raisonnait dans toute la mosquée. « hheum hheum, j'ai comme une gêne dans la gorge, j'ai dû attraper froid » reprit Alim, et il se mit à parler doucement.
Le garçon l'écoutait attentivement. Son grand-père s'avança près d'eux. Avec un sourire discret, il posa un doux regard sur Alim. Celui-ci leva les yeux et remarqua que le grand-père était en fait le vieil homme du banc. Alim finit son discours : « Encore une chose très importante mon petit, dit-il, un bon musulman sait se remettre en question et accepte les rappels des autres avec humilité. »
— BarakAllahou fik pour ces explications, dit le garçon. J'ai tout compris !
— Wa fik barakAllah, c'est un rappel pour tout le monde, y compris pour moi, termina Alim d'une petite voix.