Jalil doit aller se coucher, il est déjà tard. Sa maman l'accompagne pour le border, et comme tous les soirs, il aime qu'elle lui parle d'Allah et de religion avant de dormir.
« Maman, ça veut dire quoi ''entretenir sa foi''? » demande le petit garçon.
– Cela veut dire que l'on fait des efforts pour se maintenir dans le droit chemin, répond sa maman. Cela passe par des rappels quotidiens, des bonnes actions à accomplir, et tout ceci en recherchant la satisfaction d'Allah soubhana wa taala. Si nous ne prenons pas soin de notre foi, elle s’affaiblit et se fane, comme une plante qu'on délaisse. Et une foi qui se dégrade ne produit rien de bon, comme un arbre desséché qui ne peut plus donner de fruits. Écoute cette petite histoire... »
Il était une fois deux jeunes arbres fruitiers plantés au sommet d'une colline. L'un produisait des pommes, et l'autre des cerises bien rouges. Le pommier appartenait à un
fermier paresseux habitant au pied de la colline, et le cerisier était à son voisin, un paysan travailleur.
Les deux arbres se regardaient. Le pommier dit au cerisier :
« Comment fais-tu pour avoir d'aussi belles feuilles ? Les miennes sont toutes sèches... et mes branches aussi. »
– C'est grâce à mon propriétaire qui monte la colline tous les matins pour venir m'arroser.
– Et comment fais-tu pour que tes cerises soient si colorées et juteuses au point que les oiseaux se les arrachent ? Mes fruits n'intéressent personne, et pour le peu que je possède, ils sont tout ternes et rabougris... se plaint le pommier. Même mon fermier n'en veut pas !
– En plus de venir m'arroser tous les matins, dit le cerisier, mon paysan passe aussi chaque soir pour enlever les feuilles mortes et parfois tailler quelques branches. C'est ça qui m'aide à produire de bons fruits.
– Mon fermier ne fait pas tous ces efforts pour moi, se plaint le pommier. Il est très paresseux et vient me voir rarement. Heureusement qu'il pleut de temps en temps, sinon je finirais par mourir de soif.
Le pauvre pommier dit en regardant son tronc : « Regarde toutes ces mauvaises herbes qui me montent dessus ! s’exclame-t-il. Pas étonnant que je sois tout petit, ce lierre ne me laissent pas grandir ! »
– Pour bien poussé, il est évident que ton fermier devrait te débarrasser de tout ceci, confirme le cerisier.
Chaque semaine, le paysan travailleur montait à pied la colline pour cueillir les cerises mûres de son bel arbre. Parfois il appelait son voisin le fermier pour qu'il l'accompagne afin de prendre soin de son pommier, mais celui-ci était trop occupé à faire la sieste, ou à crier après ses poules.
Le paysan aurait bien aimé s'occuper du pommier, mais il ne lui appartenait pas et son propriétaire ne voulait pas qu'il y touche. Le bon agriculteur regardait alors cet arbre dépérir chaque jour sans pouvoir rien y faire.
Alors que la saison se faisait sèche et que la pluie ne tombait plus, le pommier était sur le point de mourir. La ferme de l'homme était aussi à l'abandon. Puis celui-ci céda son domaine à un autre fermier.
Le nouveau fermier était aussi travailleur que le paysan. Il rénova entièrement la ferme et était bon avec ses bêtes. Il alla sur la colline et vu ce magnifique cerisier tout en
fleurs. Il vit ensuite l'arbre mourant à côté. Le jour même, il se mit au travail pour tenter de sauver le pommier qui dépérissait. Il retira toutes les herbes grimpantes, lui donna beaucoup d'eau, et tailla ses branches. Chaque matin et chaque soir le nouveau fermier accompagnait le paysan pour prendre soin ensemble des deux arbres fruitiers.
Le pommier grandissait et s'embellissait très vite grâce aux soins de son propriétaire. Il devenait aussi beau que le cerisier. Celui-ci regarda le pommier.
« Tu as de belles feuilles vertes ! dit le cerisier. Et de jolies fleurs ! Tes fruits seront certainement délicieux ! »
– Oui, c'est grâce à ce bon fermier qui prend bien soin de moi, répondit le pommier. Je peux enfin m'épanouir !
Les deux arbres appartenaient à deux hommes bons qui se souciaient d'eux et en prenaient soin.
Alors ils devenaient beaux et produisaient de bons fruits.
« Tu vois mon chéri, dit la maman de Jalil, la foi c'est comme une plante, elle a besoin régulièrement de soin et d'entretien pour devenir belle et donner de bonnes choses.
Ainsi on devient meilleur. Si on la délaisse, elle se meurt comme ce pauvre pommier qui dépérissait. »
Jalil hoche la tête mais est déjà trop fatigué pour prononcer quoique ce soit. Ses paupières se ferment doucement. Sa maman l'embrasse sur le front. Le petit garçon a déjà rejoint le monde des rêves...