Les enfants se rassemblèrent autour de Papa pour l'écouter lire le Coran. La petite Karima s'assoit confortablement sur les genoux de Papa, son endroit préféré. Idris et Amine s'assoient face à leur père. C'était leur moment à eux avec Papa : même si Papa était fatigué, il faisait toujours un effort pour lire un peu avec ses enfants.
Papa se mit à lire le verset 38 de la sourate 30 :
" Donne son dû au proche, au pauvre et au voyageur. Cela est meilleur pour ceux qui recherchent la face de Dieu. Voilà ceux qui connaîtront le succès. "
Idris se leva, tout excité : lui aussi avait une idée.
- Je sais ce qu'on pourrait faire. On pourrait aussi remplir une caisse spéciale où on mettrait toutes les choses dont on n'a plus besoin !
Toute la famille se lança dans le projet. Grand-mère, qui avait jusque-là écouté en silence, dit :
- Je ferai des gâteaux et si vous, les enfants, vous les vendez à la mosquée, nous mettrons l'argent dans la tirelire.
- Nous allons tous réfléchir à des moyens d'économiser de l'argent pour le mettre dans la tirelire, proposa Maman.
Idris dit :
- J'ai lu dans les journaux qu'il y a beaucoup d'enfants pauvres qui n'ont même pas de quoi manger chaque jour. Et si nous mettions de côté de l'argent pour leur envoyer ?
- Oui ! s'exclama Amine. On pourrait faire une tirelire spéciale pour les pauvres avec cette boîte. On y mettra de l'argent tous les jours, et quand elle sera pleine on donnera l'argent aux pauvres.
Quand vous rentrez à la maison, mettez toute la petite monnaie qui vous reste dans la tirelire.
Ne gaspillez pas d'argent à acheter des choses dont vous n'avez pas besoin.
Vendez à une brocante les objets dont vous ne vous servez pas.
Fabriquez des cartes de vœux ou de jolis objets pour les vendre.
Proposez vos services aux autres.
Donnez une partie de votre argent de poche chaque semaine.
Le lendemain, en rentrant du travail, Papa s'arrêta à la station-service. Comme il avait soif, il alla vers le distributeur de boissons. Au moment de mettre sa pièce dans la machine, il se rappela la tirelire. Il retourna à sa voiture sans acheter à boire et se dit : " Je vais attendre jusqu'à la maison et boire un verre d'eau incha Allah. "
Arrivé à la maison, Papa alla tout droit à la tirelire et y déposa sa pièce d'un euro en disant : " al-hamdoulillah ! "
Amine jeta un coup d'œil dans la tirelire et fut étonné d'y trouver déjà un euro.
- D'où vient cet euro, Maman ? demanda-t-il curieux.
Maman raconta à Amine comment Papa avait décidé d'attendre d'être à la maison pour boire.
Le lendemain, à la récréation, Amine économisa lui aussi un euro en buvant au robinet au lieu de prendre une boisson au distributeur. En rentrant à la maison, il fut tout content de déposer son euro dans la tirelire ! Il décida de faire pareil tous les jours, afin d'économiser l'argent pour les enfants pauvres.
Le samedi, Maman se rendit au supermarché pour faire les courses de la semaine. Elle acheta du lait, du fromage, des fruits et des légumes. Elle dit aux enfants :
- On ne va pas acheter de bonbons ni de coca, et juste une tablette de chocolat.
- Pas de bonbons ni de coca ! s'exclama Idris.
- Une seule tablette de chocolat suffit ! s'exclama Amine, gardons l'argent pour les enfants pauvres!
- Exactement Amine, dit Maman.
Et de retour à la maison, elle déposa dans la tirelire les dix euros qu'elle avait économisés en évitant d'acheter les sucreries.
Le lendemain, Idris mit deux euros dans la tirelire.
- Al-hamdoulillah, dit Maman. Qu'est-ce que c'est, ces deux euros ?
- Je les ai économisés sur mon argent de poche de ce mois, al-hamdoulillah, répondit Idris.
Idris et Amine vendirent les gâteaux de Grand-mère à leurs amis à la mosquée, et ils leur parlèrent de la tirelire qu'ils préparaient pour les enfants pauvres. Leurs amis trouvèrent que c'était une bonne idée, et chacun se mit à faire pareil!
Au bout d'un mois, la tirelire était pleine et toute la famille se réunit pour compter l'argent. Il y avait 123 euros et soixante centimes, ma cha Allah ! La caisse spéciale était elle aussi pleine de vêtements et de jouets dont les enfants ne se servaient plus.
- Demain, in cha Allah, nous irons porter l'argent et les affaires à une organisation qui les enverra aux enfants pauvresdu monde entier, dit Papa.
- Et nous allons continuer tous les mois à remplir notre tirelire, in cha Allah, dirent en chœur les enfants.